
Sébastien Cobut
Managing Partner
Opinion impopulaire : un “bon” leader, ça n’impressionne pas. Ça apaise les systèmes.
On aime bien les leaders qui brillent. Ceux qui font de grands discours, qui frappent fort, qui donnent l’impression que tout va changer du jour au lendemain.
Sauf que non.
Le leader “star”, bien souvent, plombe le système : il crée de la dépendance, il divise, il installe des déséquilibres.
(Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite).
Le vrai leadership, c'est tout l'inverse.
Pas de bruit. Pas de show.
Juste la capacité à calmer le jeu, à enlever de la tension plutôt qu’à en rajouter. Son autorité ne tient pas à la force de sa voix, mais au climat qu’il installe. Et c’est ce climat de paix qui rend l’action possible.
C’est vrai dans les entreprises.
C’est aussi particulièrement vrai dans la société.
Or notre époque manque cruellement de ces leaders qui apaisent les systèmes.
Aujourd’hui, nous sommes saturés de figures qui polarisent et excitent. Leur seul vrai talent ? Capter l’attention.
Mais notre survie collective, elle, dépend d’autre chose : de personnes capables de contenir l’angoisse collective, de relier les contraires, de poser une vision et de nourrir une confiance partagée.
Face aux crises, le charisme est une distraction qui coûte cher.
Nous n’avons pas besoin de leaders qui veulent laisser une trace par l’éclat de leur ego.
Nous avons besoin de leaders qui tiennent le fil, qui maintiennent les conditions du dialogue, de la coopération, de la confiance.
Apaiser n’est pas une compétence “douce”.
C’est à mon sens un des critères ultimes de maturité en leadership.
Alors, question cynique mais nécessaire : combien de temps encore va-t-on confondre l’art d’impressionner avec l’art de diriger ?
