
Sébastien Cobut
Managing Partner
Je regrette le temps où l'on était hypocrite. Mais dans quelle époque vit-on ?
Quand je vois toute la vulgarité, la brutalité, la violence verbale - oserais-je dire, la diarrhée verbale - oui, parfois, je me surprends à regretter l’hypocrisie.
Pas l’hypocrisie crasse.
Non. L’autre. Celle qui relevait d’une forme d’intelligence sociale, d’un art discret de la retenue. Celle qui savait qu’on ne dit pas tout, tout de suite, à tout le monde, ni n'importe comment.
Celle qui comprenait qu’une vérité balancée comme un pavé... reste un pavé.
Aujourd'hui, il suffit d'oser - peu importe quoi, peu importe comment.
On balance, on s’indigne, on clash.
Et ça marche.
On passe à la télé.
On est invité dans des tables rondes.
Et on se proclame libre penseur - alors qu’on s’est juste autorisé à parler sans jamais s’obliger à penser.
Alors non, évidemment, je ne veux pas du retour de l’hypocrisie.
Je veux autre chose.
Une parole pesée. Articulée. Civilisée.
Une parole qui ne confond pas impulsion et expression.
Une parole qui pèse ses mots avec la gravité qu’exige ce qu’elle engage.
Pas par lâcheté.
Par exigence.
Par responsabilité.
Et qui, parfois, se tait.
Pour laisser place à quelque chose de plus rare, de plus précieux, et de terriblement nécessaire.
L’intelligence.
Et, peut-être, la dignité.
